
Le géant sud-coréen Samsung Electronics voit le cours de son action atteindre des sommets, franchissant la barre symbolique des 90 000 wons pour la première fois en près de cinq ans. Cette dynamique, portée par un marché des semi-conducteurs en pleine ébullition, suscite l’optimisme des analystes. Toutefois, des incertitudes pèsent sur cette trajectoire, notamment la dépendance de l’économie coréenne aux exportations. Parallèlement, l’entreprise continue d’innover avec le lancement de produits ciblés, comme un nouveau smartphone pliant destiné exclusivement au marché chinois.
Retour spectaculaire au-delà des 90 000 wons
Le 2 octobre dernier, le titre Samsung Electronics a clôturé à 89 000 wons à la Bourse de Corée, après avoir atteint un pic en séance à 90 300 wons. Il s’agit d’une première depuis le 15 janvier 2021, marquant une étape psychologique majeure pour les investisseurs. Cette performance est le fruit d’une ascension remarquable : alors que l’action stagnait jusqu’à la fin du mois de mai, pénalisée par un retard perçu sur son concurrent SK Hynix dans la technologie des mémoires à haute bande passante (HBM) pour l’intelligence artificielle, la tendance s’est inversée. Grâce aux politiques de relance boursière du nouveau gouvernement, qui ont profité à l’ensemble de l’indice KOSPI, le cours de l’action Samsung a bondi de 56,7 % en seulement quatre mois depuis début juin.
Les analystes optimistes : le « super-cycle » des semi-conducteurs en ligne de mire
Dans le sillage de cette envolée, les maisons de courtage revoient leurs prévisions à la hausse. Shinhan Investment & Securities a relevé son objectif de cours de 90 000 à 115 000 wons, tandis que LS Securities l’a ajusté de 86 000 à 110 000 wons. Fait notable, même la banque d’investissement Morgan Stanley, jusqu’ici prudente sur le secteur, a adopté une perspective positive, projetant une valeur pouvant atteindre 108 750 wons d’ici un an. Dans une note, elle estime que « Samsung est idéalement positionnée pour façonner le modèle économique de l’IA physique (interagissant avec le monde réel) pour les décennies à venir ».
La principale raison de cet optimisme est l’arrivée d’un « super-cycle » des semi-conducteurs, un phénomène de forte demande qui ne s’était pas produit depuis sept ans. Deux indicateurs clés le confirment : les niveaux de stocks et les prix des puces mémoire DRAM. Selon le cabinet d’études TrendForce, les stocks moyens des fournisseurs mondiaux de DRAM sont tombés à un niveau historiquement bas de 3,3 semaines au troisième trimestre, soit bien en deçà du seuil jugé sain de 6 à 8 semaines. Simultanément, le prix de la puce DRAM de référence (DDR4 8Gb) est passé de 1,4 dollar en janvier à 6,3 dollars le mois dernier, une trajectoire rappelant le précédent cycle haussier de 2018. Kim Dong-won, analyste chez KB Securities, prévoit que « la focalisation des investissements sur les HBM ces trois dernières années a limité la production de DRAM standards, créant une pénurie » et que, grâce à l’amélioration de la rentabilité, « Samsung pourrait enregistrer ses meilleurs résultats en huit ans l’année prochaine ».
Des risques à ne pas négliger : dépendance et conjoncture économique
Malgré ces perspectives favorables, des risques subsistent. La hausse rapide de l’indice KOSPI, fortement dépendante des politiques gouvernementales, pourrait rendre le marché vulnérable à une correction. En tant que première capitalisation boursière du pays, Samsung serait inévitablement affectée par un retournement général du marché. Un signal préoccupant vient des chiffres de l’exportation coréenne. Le mois dernier, les exportations journalières moyennes ont reculé de 6,1 % en glissement annuel. Si les exportations de semi-conducteurs ont atteint des records, la plupart des autres secteurs sont à la peine.
« Compte tenu de la dépendance excessive aux semi-conducteurs, il est permis de douter de la capacité des autres secteurs à soutenir la performance globale si la croissance des exportations de puces venait à ralentir », analyse Baek Gwan-yeol de LS Securities. « La reprise de la demande aux États-Unis et en Chine, principaux partenaires commerciaux de la Corée, reste incertaine en raison des tensions tarifaires, ce qui complique les prévisions ».
Stratégie produit : un nouveau smartphone pliant exclusif pour la Chine
En parallèle de ses performances boursières, Samsung poursuit activement sa stratégie commerciale sur des marchés clés. L’entreprise s’apprête à lancer un nouveau smartphone pliant haut de gamme, le « W26 », spécialement conçu pour le marché chinois. La présentation officielle est prévue pour le 11 octobre à 16h, heure locale. Le teasing et les préinscriptions ont déjà commencé sur le site chinois de la marque.
Basé sur le Galaxy Z Fold 7, le W26 se distinguera par un design adapté aux préférences locales, arborant une combinaison de couleurs rouge et noir avec une charnière dorée, ainsi qu’un packaging exclusif. Sur le plan technique, il devrait embarquer le processeur Snapdragon 8 Elite, jusqu’à 16 Go de RAM et 1 To de stockage, et fonctionner sous Android 16 avec la surcouche OneUI 8.0. Il conserverait l’écran principal OLED de 8 pouces et l’écran de couverture de 6,5 pouces, ainsi que des fonctionnalités comme le capteur d’empreintes latéral, une certification d’étanchéité IP48 et un cadre en aluminium renforcé. Ce lancement s’inscrit dans la continuité de la série « W » (connue localement sous le nom de « 心系天下 »), une collaboration initiée en 2008 avec l’opérateur China Telecom pour proposer des modèles exclusifs et luxueux au marché chinois.