Le Premier ministre François Bayrou a récemment présenté une série de mesures choc pour tenter d’endiguer la montée alarmante de la dette publique en France. Parmi les propositions figurent la suppression de deux des onze jours fériés nationaux, dont le lundi de Pâques et le 8 mai, une date hautement symbolique marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Des finances publiques sous pression

Lors de la présentation du projet de budget 2026, Bayrou a tiré la sonnette d’alarme : la France doit faire face à une situation financière qualifiée de « malédiction », contrainte d’emprunter chaque mois pour honorer les pensions de retraite et les salaires des fonctionnaires. Après des années de dépenses publiques soutenues, Paris est désormais sous la pression des règles européennes qui exigent un contrôle strict du déficit et de la dette, qui a grimpé à 114 % du PIB – l’un des taux les plus élevés du continent.

Supprimer des jours fériés pour économiser plusieurs milliards

Selon le Premier ministre, la suppression du lundi de Pâques et du 8 mai permettrait à l’État de récupérer « plusieurs milliards d’euros » grâce à une hausse de la production sur ces journées travaillées. Cette réforme alignerait la France sur l’Allemagne, qui compte neuf jours fériés nationaux, contre douze en Italie. La mesure s’inscrit dans une stratégie plus large de gel des dépenses publiques, hors défense et service de la dette, pour ramener le déficit à 4,6 % en 2026, puis sous la barre des 3 % exigée par l’Union européenne d’ici 2029.

Réactions politiques immédiates

La proposition n’a pas tardé à susciter de vives réactions. Jordan Bardella, chef du Rassemblement national, a dénoncé une « attaque directe contre notre histoire et nos racines ». Sa collègue Marine Le Pen a menacé de déposer une motion de censure si le gouvernement maintenait le projet. À gauche, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) a réclamé la démission de Bayrou, estimant que « ces injustices sont devenues insupportables ». Mathilde Panot a même accusé le gouvernement de « déclarer une guerre sociale ».

Autres pistes d’économies

Outre la question des jours fériés, François Bayrou envisage de ne pas remplacer un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, de réduire le nombre d’agences publiques jugées peu efficaces et de limiter les dépenses en médicaments, pointant une consommation d’antibiotiques en France deux fois supérieure à celle de l’Allemagne. Ces mesures s’ajoutent à la volonté affichée du gouvernement d’augmenter le budget de la défense de 3,5 milliards d’euros en raison de la conjoncture internationale tendue, portant le budget militaire à 50,5 milliards d’euros en 2025.

Une urgence budgétaire et sociale

Face à la menace d’une crise financière de l’ampleur de celle qu’a connue la Grèce, François Bayrou insiste : il est impératif d’agir maintenant pour éviter d’être « écrasés par la dette ». Il met en garde contre le risque supplémentaire que représenterait une éventuelle taxe de 30 % sur les produits européens, brandie par Donald Trump, pour l’économie française déjà fragilisée.

Des précédents historiques tendus

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement tente de rogner sur les jours fériés pour rééquilibrer les comptes publics. En 2003, une tentative similaire lors de la canicule avait été abandonnée face à la mobilisation populaire. Plus récemment, la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, qui avait relevé l’âge légal de départ, avait déjà provoqué des manifestations massives.