Le renouveau de la Bourgogne : entre héritage et innovation

Le monde du vin est en constante évolution, façonné par les changements climatiques, les nouvelles ambitions des vignerons et les dynamiques économiques du marché. De la Bourgogne au Bordelais, en passant par les vignobles du monde entier, les acteurs du secteur s’adaptent et innovent. Au cœur de cette transformation, Laurent Delaunay incarne le renouveau d’un héritage bourguignon séculaire, tandis que des mouvements stratégiques, comme l’acquisition de la Maison Bouey par Les Grands Chais de France, redessinent le paysage viticole.

Laurent Delaunay : la Bourgogne réinventée

La famille de Laurent Delaunay produit du vin en Bourgogne depuis 1893. Si cet héritage est une source de fierté, il ne freine en rien ses ambitions pour l’avenir, bien au contraire. Confronté aux nouvelles réalités climatiques, il voit des opportunités là où d’autres voient des défis.

« Quand j’ai commencé dans les années 90, huit années sur dix, les raisins n’atteignaient pas leur pleine maturité », explique Laurent Delaunay. « Aujourd’hui, nous obtenons une maturité magnifique. » Pour tirer parti de ce réchauffement, il investit dans des terroirs bourguignons jusqu’alors moins réputés, comme les Hautes-Côtes, convaincu de pouvoir y produire de grands vins.

Le parcours de M. Delaunay est celui d’une reconquête. Après la cession de l’entreprise familiale, Edouard Delaunay, au groupe Boisset en 1992, Laurent et son épouse Catherine, également vigneronne, sont repartis de zéro dans le Sud de la France. Leur succès, notamment avec les marques populaires Les Jamelles et Abbott & Delaunay, leur a permis de racheter la marque familiale et ses caves d’origine à L’Étang-Vergy en 2017, une véritable seconde chance pour ce nom historique de la Bourgogne.

Zoom sur la cuvée « Septembre », un pinot noir emblématique

Aujourd’hui, la maison produit 35 vins différents en s’appuyant sur un solide réseau de vignerons partenaires pour l’achat de raisins. La cuvée de pinot noir « Septembre » est l’illustration parfaite de cette approche moderne. Il s’agit d’un assemblage de raisins provenant de différentes parcelles de Bourgogne, incluant la Côte de Beaune, la Côte de Nuits, la Côte Chalonnaise et même la région des Pierres Dorées dans le Beaujolais. Cette diversité permet de créer une expression sérieuse et complexe du pinot noir, accessible à l’export.

Le millésime Edouard Delaunay Septembre Bourgogne Pinot Noir 2022 ($34.95, Note : 90/100) est un vin rouge sec et mi-corsé (12,5% vol., 3g/L de s.r.) qui séduit par son équilibre et sa structure. Le nez révèle un cœur de fruit mûr, rehaussé de notes terreuses et épicées. En bouche, le style est poli, frais et convivial, avec une finale longue et persistante. Il peut être dégusté dès maintenant ou conservé jusqu’en 2028.

Fort d’un lien historique avec le Canada, où son arrière-arrière-grand-père exportait déjà en 1928, Laurent Delaunay voit un fort potentiel sur ce marché, notamment au Québec. Ses rapports indiquent que la Bourgogne y a récemment dépassé Bordeaux en tant que première catégorie de vins français vendus à la SAQ. La cuvée Septembre est ainsi une porte d’entrée stratégique pour développer la demande pour ses étiquettes plus prestigieuses.

Autres découvertes internationales

Le monde du vin ne s’arrête pas à la France. Voici deux autres bouteilles qui ont retenu l’attention :

• Aveleda Alvarinho 2024 (Portugal, $15.95, Note : 88/100) La popularité croissante du Vinho Verde incite les producteurs du nord du Portugal à proposer des expressions plus premium. C’est le cas de cet alvarinho, un vin blanc sec et tranquille issu d’un seul cépage. Produit par la maison Aveleda, fondée en 1870, il se distingue des assemblages traditionnels souvent légèrement pétillants. Ce vin (12,2% vol., 2g/L de s.r.) met en valeur les saveurs typiques de l’alvarinho, avec des arômes de citron et de pêche portés par une belle vivacité.

• Krone Cuvée Cap Classique Brut Rosé 2022 (Afrique du Sud, $21.95, Note : 90/100) Situé à Tulbagh, le domaine Krone est spécialisé dans le « Cap Classique », la catégorie sud-africaine pour les vins effervescents élaborés selon la méthode traditionnelle. Cet assemblage de pinot noir, chardonnay et pinot blanc a subi une seconde fermentation en bouteille suivie d’un vieillissement de 18 mois sur lies. Le résultat (12,5% vol., 9g/L de s.r.) est un vin rosé pétillant aux arômes de baies et de cerise, équilibré par une fraîcheur zestée de citron. Un vin savoureux, parfait pour l’apéritif ou pour accompagner un repas.

Actualité économique : Les Grands Chais de France acquièrent la Maison Bouey

Dans une démarche stratégique majeure, le groupe alsacien Les Grands Chais de France (GCF) a annoncé l’acquisition de la Maison Bouey, une maison de négoce solidement implantée à Bordeaux. Les termes de l’accord n’ont pas été divulgués.

Cette opération permet à GCF, déjà propriétaire de Calvet, Dulong et de plusieurs châteaux prestigieux (Clos Beauregard à Pomerol, Château Cantin à Saint-Émilion), de renforcer considérablement sa présence dans le Bordelais. De son côté, la Maison Bouey pourra s’appuyer sur les puissants outils logistiques et le réseau commercial international de GCF, tout en « préservant son identité et son indépendance », selon un communiqué.

Yann Bouey, directeur commercial de la Maison Bouey, a qualifié cette fusion de « formidable opportunité pour la Maison Bouey et pour les appellations de Bordeaux ». Jean-Raymond Clarenc, directeur de Crus et Domaines de France (filiale de GCF), a ajouté que cette alliance s’inscrivait dans une dynamique à long terme pour la région : « Ensemble, nous écrirons une nouvelle page du développement et du rayonnement de Bordeaux ».