
Un jalon technologique majeur en Méditerranée
Paris – La France confirme son rôle de pionnier dans le domaine des énergies renouvelables en installant la plus puissante éolienne flottante jamais déployée au monde. Il s’agit d’une turbine Vestas V164 d’une puissance de 10 MW, montée sur une fondation flottante de type WindFloat®, dans le cadre du projet pilote « Les Éoliennes Flottantes du Golfe du Lion » (EFGL) en Méditerranée.
Cette installation marque une avancée technologique globale dans le secteur de l’éolien offshore flottant. La plateforme, semi-submersible et modulaire, conçue pour résister à des profondeurs de 70 à 100 mètres, illustre le savoir-faire français dans une filière d’avenir stratégique. Deux autres turbines viendront compléter ce parc pour atteindre une puissance totale de 30 MW, avec une mise en service complète prévue au troisième trimestre 2025. La production annuelle estimée avoisine les 110 GWh, soit l’équivalent de la consommation de 70 000 foyers.
Une stratégie industrielle ambitieuse
Au-delà de cet exploit technique, la France entend capitaliser sur cette dynamique pour structurer une véritable filière industrielle autour de l’éolien flottant. Le projet EFGL se distingue par sa chaîne de valeur régionalisée, son intégration des enjeux environnementaux et de biodiversité, et son potentiel à ouvrir la voie à des projets commerciaux à grande échelle dans les eaux profondes. La phase de développement à grande échelle est envisagée à l’horizon 2030.
Un moratoire controversé sur les énergies renouvelables
Paradoxalement, alors que le pays s’impose comme un leader technologique, une décision récente du Parlement a provoqué une vive polémique. Un amendement voté jeudi par une majorité de députés de droite et d’extrême droite instaure un moratoire sur les nouveaux projets d’éolien et de solaire, en attendant qu’une étude indépendante détermine le « mix énergétique optimal » pour la France.
Cette décision, adoptée en pleine vague de chaleur, a été dénoncée comme irresponsable par de nombreux acteurs. « C’est un suicide collectif », a fustigé Sandrine Rousseau, députée écologiste, estimant que la majorité fait le contraire de ce que recommande la science.
Une victoire politique pour le Rassemblement National
Le Rassemblement National (RN) a salué ce vote comme une victoire. « C’est une mesure phare du programme de Marine Le Pen », a déclaré le député Jean-Philippe Tanguy. Lors des débats, les élus RN ont régulièrement critiqué les énergies renouvelables, les jugeant trop coûteuses et peu fiables.
L’amendement, proposé par un député des Républicains, a été adopté dans un hémicycle quasi vide, la majorité présidentielle et la gauche ayant été peu représentées au moment du vote. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a qualifié cette décision de « désastreuse » et « irresponsable », rappelant que le projet de loi global est encore en discussion, avec un vote final prévu mardi à l’Assemblée nationale.
Des conséquences sociales et économiques redoutées
L’association France Renouvelables a exprimé son indignation face à ce moratoire, qu’elle considère comme « l’un des plus grands plans de suppression d’emplois votés par l’Assemblée ». Selon elle, près de 80 000 postes sont menacés dans les secteurs du solaire et de l’éolien.
Par ailleurs, le texte amendé prévoit désormais la construction de 14 nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2030, confirmant la volonté des conservateurs d’accentuer la relance du nucléaire au détriment des autres formes d’énergie verte.
Un futur énergétique sous tension
Alors que la France réalise des avancées majeures dans les technologies vertes, les tensions politiques autour de la transition énergétique pourraient freiner cet élan. La bataille entre partisans du nucléaire et défenseurs des renouvelables s’intensifie, au moment où le pays doit faire face à des défis climatiques et économiques sans précédent.